1 Corporal incorporé dans "Anéantis"    de Sarah Kane

1. "Corporal incorporé dans "Anéantis" de Sarah Kane" publié dans "Plaisir, souffrance, sublimation" sous la direction de Jean-Michel Dewesa et le centre de recherche LAPRIL, arts, littérature et langage du corps en décembre 2006. Pleine page éditeur, Bordeaux Bacalan.

Un extrait : Avant-propos

"Anéantis", la première pièce de Sarah Kane, doit s'extraire du registre de la provocation afin d'accéder, par incorporation de son sujet, à la fabrication des images théâtrales, déplaçant ainsi les termes d'un réel des mots fait d'atrocités, de mutilations, de violences extrêmes sexuelles et autres, vers un corps théâtral surréel, c'est-à-dire vers un corps sublimé dans l'Art. Nous posons ainsi l'énigme de la représentation théâtrale induisant un voyage qui permettrait au corps d'un réel insoutenable d'aller vers le surréel d'une mise en corps sublimé. Un tel sujet s'inscrit dans une démarche de création théâtrale associant, au sein de l'énoncé métaphorique, le terme de re-présentation au terme de résurrection. Il faut alors réinventer l'image d'un corps en vie après qu'il ait subi son incorporation dans une sorte de mort, un no man'sland, un degré zéro. Nous parlons d'une incorporation radicale dans la mort, c'est-à-dire d'un corps porté en terre - une terre théâtrale associée ici au plancher scénique auquel il est fait allusion dans "Anéantis". Ils 'agirait ensuite de s'interroger sur cette sorte de vie qui n'est pas la vraie vie..... La récurrence des termes de la mort dans "Anéantis" imprègne le texte dans son intégralité et finit par faire écho à un propos qui ne peut arriver à la représentation qu'après s'être assoupi dans les termes de la mort signifiés dans le texte de Sarah Kane sur trois niveaux et dont nous citons quelques extraits: le texte témoigne, par son discours et ses didascalies, d'un projet de mourir.